LA CAPOEIRA EN FAIT, C’EST QUOI EXACTEMENT ? Une lutte ou une danse ? Un art martial ou un jeu athlétique ? un folklore ?
« En fait, elle est tout cela à la fois (…). Elle est danse-lutte-jeu, belle et dangereuse, harmonieuse et violente, poétique et brutale, sincère et trompeuse, joueuse et très sérieuse. Elle est aussi musique, chant rythme, rituel, un langage qui permet à chacun de s’exprimer de communiquer dans le cercle symbolique de la roda, cette ronde formée par les capoeiristes qui tour à tour sont spectateurs, musiciens, chanteurs et joueurs. Ce cercle est comme une scène où le capoeiriste montrera son agilité, sa ruse, en tentant de tromper son adversaire tout en jouant avec lui. Les deux joueurs sont à la fois partenaires et adversaires dans ce jeu de dialogue corporel qui laisse chacun s’exprimer à sa manière… »*
*Extrait du livre « Capoeira, l’art de lutter en dansant », de Cécile Bennegent, édition Budo, rééd 2006.
ET D’OU VIENT-ELLE ?
Son histoire remonte au début de la colonisation du Brésil, durant la période coloniale où le contexte de l’esclavage donnera naissance à ses prémices. Elle connaîtra une évolution avec l’urbanisation au Brésil, principalement à Salvador (1ère capitale, période coloniale), Rio de Janeiro (2ème capitale, période impériale) ou encore a Recife dans le Nordeste.
Pratique de rue, interdite au Brésil jusque dans les années 1930, elle connaît des nouvelles transformations avec le début de son académisation lorsqu’elle sera ré-autorisée par le gouvernement de Getulio Vargas en 1936 et promue « lutte nationale brésilienne » dans un contexte de volonté politique de créer un sentiment national fort chez le peuple brésilien. C’est un capoeiriste connu à l’époque qui permet ce changement en créant une nouvelle forme de pratique et une méthode d’enseignement, mestre Bimba et sa fameuse capoeira appelée capoeira regionale.
2 premières imags de mestre Bimba et les deux suivantes de mestre Pastinha
Un autre maître deviendra une figure emblématique du mouvement pour contrer en quelque sorte cette transformation, mestre Pastinha qui prônera une capoeira d’antan qu’il nommera capoeira angola pour la différencier et rappeler les origines africaines de cette pratique.
La capoeira n’a jamais cessé d’évoluer jusqu’à aujourd’hui où elle reste en devenir. Elle connaîtra une nouvelle période d’évolution importante dans les années 1970, notamment avec le groupe Senzala, et les années 1980, lorsqu’elle commence à s’exporter partout en Europe puis dans le monde entier.
Aujourd’hui, nous vivons une nouvelle époque, où les styles de pratiques sont multiples, où les capoeiristes repoussent sans cesse les limites exploits physiques et parallèlement le besoin des maîtres et pratiquants (pour une part du moins) de faire en sorte de transmettre cet art dans toute sa complexité avec le soucis de ne pas laisser mourir les « fondements » de ce qui représente un rituel. Et l’époque est cruciale à mon sens du fait qu’une nouvelle génération d’enseignants étrangers est née et développe son enseignement depuis une décennie environ, avec très prochainement la naissance des premiers maîtres non brésiliens dans cet art si particulier.
Par Cécile Bennegent
Le groupe de capoeira Senzala présente l’originalité d’avoir été fondé non pas par un maître, mais par un ensemble de maîtres qui au départ n’étaient qu’un groupe de jeunes s’entraînant à la capoeira entre eux, tirant les enseignements de divers maîtres, de divers styles (Angola et Régional, de Rio et Salvador).
Cette histoire singulière aura enrichi ces jeunes capoeiristes, membres fondateurs, influencés par divers styles de jeux et qui, à leur tour, auront une influence sur les principaux groupes existant aujourd’hui.